26 septembre 2011

Burn-out : Sommaire

"Le burn-out parental"


Pour pimenter le sujet, nous avons invité l'auteure de Mais pourquoi je deviens mère bordel. A la lecture de ce nom du blog, vous ne sentez pas comme un hurlement intérieur ? Lisez à voix haute, voilà, on est sur la même longueur d'onde ! Mère Bordel, c'est un blog drôle, émouvant, toujours juste et terriblement honnête, elle n'a pas peur de raconter ses peurs, ses fous rires et ses angoisses. Et surtout, c'est un ton totalement en adéquation avec le sujet, bordel !


Être au bout de ses capacités physiques et psychologiques, avoir consumer toutes ses ressources.
Pêter une durite, les plombs, les câbles, disjoncter, criser, re-criser, être au bout du bout du rouleau. Exploser parce que vous avez tout donné. Il ne reste plus rien, vous êtes vidés, c'est le burn-out !
Nous vous invitons à griller les fusibles ici, aujourd'hui, avec nous !


Par PapaCube et Mère Bordel : Tous « burn-outés » ?
Par Astrid et Marlène Shciappa : Burn-out : l'enfer, c'est les autres.
Par Liselotte et Valérie : Lame de fond post-partum.
Par Till the cat et Les mamans testent : Burn out Opéra Rock.

Bonne lecture à tous.

Moi, je & Liselotte : Lame de fond post partum




E-Zabel : Petit dialogue entre une maman et sa conscience

Moi en plein burn-out ???!!! Non mais attends, impossible, je les ai voulus ces enfants, je les ai attendus, alors de toute façon je n’ai pas le droit de me plaindre, ni de « brûler » un câble, qu’est-ce qu’ils diraient les autres.

Non non petite conscience, je vais bien, tout va bien. Non Coué n’y est pour rien ! C’est vrai. C’est tout.

J’adôooooooooooooooore ma petite routine quotidienne si sécurisante. C’est bon d’avoir des repères fixes pour les petits. Lever 7h, j’arrive même ( !) à prendre une douche de 30 secondes avant de réveiller le petit qui ne supporte pas que ce soit son père qui le lève les matins d’école. Câlins bien sûr et ... on répète : pipi, lavage des mains, petit-déj. Les enfants ont besoin de ses repères, cela ne m’épuise pas de répéter les mêmes phrases chaque matin. Non non. Pourquoi je crie parfois ? La fatigue ? Non bien sûr que ça va, désormais, mes nuits ne sont quasiment plus coupées que 2 fois. Je dors mieux. Et puis je pense aux dossiers du bureau en recouchant la puce à la fin de son cauchemar : je gagne même du temps pendant ces réveils nocturnes !

J’adôoooooooooooore marcher vite ou pédaler à toute vitesse pour rattraper (le lapin d’Alice) le temps perdu à sécher les larmes et les nez et mes épaules à l’école. Au bureau, tout va bien aussi, ma hiérarchie m’a certifié que ce temps partiel était bien normal pour une jeune maman et qu’elle comprenait parfaitement mes impératifs horaires. Je suis pleinement satisfaite, finalement, ils n’ont pas baissé ma charge de travail 100% en 80% de temps (et de salaire), je me sens mise en valeur. Oui, évidemment, je me sens un peu redevable et je fais le double d’efforts que mon collègue masculin. C’est normal, je leur ai fait perdre du temps lors de la varicelle du petit… Dommage que le travail fait à la maison ne soit pas comptabilisé… j’ai tout de même raté cette augmentation de peu. Allez, je l’aurai l’an prochain !


J’adôooooooooooore aussi prendre du temps le midi pour faire les courses, acheter les dernières fournitures scolaires de la grande, le pyjama du p’tit, ainsi ils sont parfaitement équipés et je peux, le soir, m’atteler sereinement à la préparation d’un bon diner équilibré.

J’adôooooooooooore m’occuper de la maison en rentrant, en même temps, c’est normal, c’set moi qui rentre tôt pour  m’occuper des enfants. Et puis s’ils inondent encore la salle de bain régulièrement, c’est qu’ils s’amusent. Des fessées ? Arf non, c’est très rare voyons, c’est seulement en cas d’énormes bêtises voyons !

Le marathon du soir est sans doute mon moment préféré : bain, devoirs, diner, préparation au coucher. C’est vrai que je suis soulagée, car alors, mon mari rentre du travail et malgré sa grosse journée stressante, il lit une belle histoire aux enfants. Enfin calmes. Cela me laisse même le temps de préparer le deuxième diner.

Non vraiment, la routine, cette vie quotidienne bien réglée me convient.

Il faut qu’elle me convienne.

Par contre, je ne m’explique pas cette morosité permanente dans ma tête, ces idées noires qui débarquent parfois dès le réveil. Ce mal de tête. Cette fatigue. Cette envie de taper contre un mur, ou pire. Et je dois avoir une allergie : je pleure sans cesse ! Sans doute cette poussière que je dois absolument retirer des meubles !

Je ne vois pas d’autres raisons.

e-zabel

Tous « burn-outés » ?

Par PapaCube et Mère Bordel.

Partageons quelques brefs instants du quotidien de 6 familles qu'apparemment tout sépare. Tout, ou presque tout. Un étrange mal s'est invité dans leur vie, juste pour dîner, pour les vacances, ou parfois en CDI...
Le burn-out parental.
Le... Le quoi ?
Le burn-out parental on vous dit.
Cet épuisement total de l'un ou l'autre des parents, voire – et là c'est le drame - des deux, alors que la société, la belle-mère, la vieille voisine qui colle régulièrement ses paluches sur les bébés et la caissière du supermarché voudraient qu'ils nagent dans le BON-HEUR le plus TO-TAL.
Rien n'est si simple, ça se saurait...


Voici tout d'abord Sylvie. Personne n'a dit à Sylvie que les T-shirts jaune moutarde quand on a une mine affreuse, c'est un coup à se faire lapider au coin d'une ruelle sombre par la première blogueuse mode venue mais, heureusement pour elle, la blogueuse mode ne marche que dans la lumière. Telle que vous la voyiez là, Sylvie laisse pour la première fois son bébé d'un an à son père. Pas son père à elle, le père du bébé. Un an entier sans sortie le soir. Si on lui avait dit ça avant, elle ne l'aurait jamais cru. Sylvie habite au 32 de la rue Curnonsky, à Lyon. Oui, vous avez bien vu, elle a parcouru seulement 10 mètres. Elle hésite. Elle a un besoin fou de sortir, de revoir ses amies qui l'attendent dans un bar à vin, mais elle n'arrive pas à s'éloigner de cette foutue porte. Quand elle est sortie de l'appartement, Léo hurlait, les yeux inondés de larmes. Elle a une peur folle du spasme du sanglot, depuis un an elle se met la pression: les larmes de son fils lui sont insupportables, et elle est persuadée que personne d'autre qu'elle ne peut le consoler. Comme Léo est un petit être pervers et démoniaque – ils le sont tous – il en remet une bonne couche dès qu'elle s'éloigne. Ou plutôt, parce que Léo est connecté à sa maman et qu'il ne voudrait surtout pas qu'elle ne se sente pas indispensable, il pleure à chaudes larmes quand elle part. Et s'arrête – à croire qu'il a greffé un GPS à sa mère – dès que l'oreille maternelle n'est plus à portée de voix.
Le temps que je vous dise tout ça, Sylvie n'a toujours pas bougé. Elle a une envie terrible d'envoyer un sms à son homme pour lui demander si tout va bien. De remonter chercher...des mouchoirs, un rouge à lèvres, n'importe quoi qu'elle pourrait prétendre avoir oublié. Ce bol d'air, elle en a rêvé, elle qui n'a pas encore repris le travail et passe ses journées en tête à tête avec son bambin, mais là d'un coup, elle n'en veut plus, ça lui semble insurmontable.
Heureusement, dans une seconde, Sylvie se contentera d'envoyer un « J'arrive dans 10 minutes ! » à sa horde de MILFs déjà en train de débouchonner un St Julien 2006, puis de ranger son téléphone et de courir les rejoindre.
Le burn-out parental a ceci d'étrange et de dangereux: Plus on est dedans, moins on arrive à se libérer de ce qui le cause.
C'est un cercle vicieux, une descente aux enfers dont on ne prend conscience qu'une fois qu'on a  touché le fond – ou presque.
Heureusement, la soirée de ce soir va être une révélation pour Sylvie, qui va enfin découvrir que Léo peut aussi passer de bons moments sans elle, et elle, sans lui. Et Bernard, l'heureux papa, découvrira de plus en plus souvent ce que c'est de passer des moments seul avec son fils, avec toutes les joies et...les emmerdes que ça implique !

Voici la famille Ménard. Chez les Ménard, contrairement aux apparences, c'est Julien, le papa, qui a fait une petite pause dans sa carrière pour s 'occuper de Pierre – nous avons coupé le son pour que l'image soit supportable, son cri est extrêmement strident – et Rosa, de dos, qui est visiblement dans  sa phase de destruction. Mais voilà, Julien a craqué, hier, il a fondu en larmes dans les bras d'Emma qui, surprise et inquiète, l'a envoyé s'offrir une journée Spa – Foot – Plage – Glace et a posé sa journée pour prendre la relève. Elle n'a pas très bien compris le craquage de Julien, après tout rester tranquillement à la maison avec leurs deux enfants, c'est quand même pas le truc le plus épuisant de la terre ! Enfin, c'est ce qu'elle se disait à 7h, quand ils dormaient encore tous les deux. Et puis à 8h15, quand ils se chamaillaient doucement en prenant leur petit déj, tandis que Julien partait vers les calanques presque en courant, un sourire d'écolier fugueur aux lèvres. Vers 10h30, quand Rosa hurlait de fatigue sans vouloir se coucher, elle commençait à éprouver un peu de compassion pour son homme. A 13h30, quand elle n'avait toujours pas mangé et qu'elle plongeait sa main nue dans la cuvette des toilettes pour aller y récupérer les 4 rouleaux de papier toilette que Pierre y avait enfoncés, elle se demandait si Julien les avait soudoyés pour être spécialement pénibles. Au moment de cette image, il est 18h15. Emma tient bon en guettant l'ouverture imminente de la porte d'entrée, quand elle reçoit le message tant redouté « ça me fait un bien fou. Merci. J'en profite pour dîner dehors ». Mais pas le temps de se lamenter pour Emma, Pierre est en train de tirer sur le fil du fer à repasser brûlant...
Nous ne sommes pas égaux devant le burn-out. Si Julien a tenu des mois avant d'avoir besoin d'une journée pour lui – et sans doute de passer plus souvent le relais à l'avenir – Emma aurait tout envoyé valser au bout de 15 jours. Il le sait. Elle le sait. Ça l'aide à sourire quand sa belle-mère lui dit « Oh quel dommage que vous n'ayez pas profité d'eux plus longtemps à la maison ! ». Rester à la maison avec les enfants, no way pour elle. Mais elle se promet de le faire de temps en temps pour voir son homme sourire comme ce matin.


Ils ont des sourires de primiparents, ces deux-là. Et pourtant, Thaïs est leur deuxième bébé. Avant il y a eu Lili, qui est à l'école aujourd'hui. Elle vient de rentrer en CP. Alex et Sophie, le burn-out parental, ils connaissent. Lili avait un RGO comme on dit, un reflux gastro-oesophagien. Des heures de douleurs et de pleurs, un bébé qui n'a de moments de répit que dans les bras de ses parents, contraints de marcher pendant des heures avec elle en écharpe ou de dormir assis. Un enfer. Un jour, Sophie n'en pouvait tellement plus qu'elle a eu des images affreuses dans la tête, des pulsions d'une violence inouïe. Elle avait beaucoup lu sur les bébés secoués pendant sa grossesse, alors elle a eu la présence d'esprit de repenser à une plaquette de prévention qui disait de poser le bébé dans son berceau et de sortir prendre l'air ou fumer une cigarette – on a dit une plaquette de prévention des bébés secoués, hein, pas du cancer du poumon – et elle est allée se griller sa première cigarette en 2 ans sur le balcon. Quand elle est revenue, elle a pu s'occuper à nouveau de Lili et a eu un déclic. Elle a réalisé qu'elle n'en pouvait plus.
Elle est partie quelques semaines se ressourcer chez ses parents qui l'ont beaucoup aidée, et au retour elle s'est entourée au quotidien, est beaucoup sortie avec Lili car, dehors, ça se passait toujours beaucoup mieux. Alex a toujours été très à l'écoute et très présent, il l'a aidée à faire en sorte d'aller mieux. Et il est très heureux – ça se voit non ? - de l'arrivée de Thaïs, car convaincre Sophie de retirer son stérilet n'a pas été une mince affaire, et il rêve de 3 enfants. Bon, Alex, deux c'est bien aussi non ? Allez, éloignons-nous sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller Thaïs.
Le burn-out n'est pas seulement une affaire de personnes. C'est aussi une question de circonstances, de moment, de ressources personnelles. Thaïs ne semble pas avoir de RGO, Alex a désormais un emploi du temps plus souple et s'est gardé quelques semaines de vacances pour l'arrivée de Thaïs, Sophie est plus apaisée désormais. Devenir mère avait été un passage difficile pour elle, et elle culpabilisait beaucoup de ne pas ressentir le BON-HEUR qu'on lui vendait durant sa grossesse.




Sonia est HEU-REUSE. Il y en a, quand même ! Elle est cadre RH dans une PME qu'elle aime beaucoup, et c'est son premier jour de travail depuis un peu plus de deux ans. Elle a choisi de s'occuper de James et Elliott, ses jumeaux, jusqu'à leur entrée en maternelle. Et puis l'année dernière a été particulièrement difficile. Elle s'entendait hurler sur ses enfants de plus en plus souvent, alors qu'elle a ça en horreur. Elle n'avait plus la moindre patience avec eux. Son compagnon était souvent en déplacement, il lui arrivait donc de passer 3 jours sans passer un vrai moment en compagnie d'un adulte. Et financièrement, ça devenait compliqué: Passer d'un salaire de cadre à la rémunération du congé parental, ça fait une sacrée différence, du coup ils ne sont pas partis en vacances de l'année, alors que toute la famille avait besoin d'air plus que jamais. Début Août, avant que son patron ne parte en vacances, elle l'a appelé pour lui faire part de sa folle envie de reprendre, et a trouvé une nounou qui leur convenait dans la foulée. La chance sourit aux audacieux. D'ailleurs, c'est la nounou qui est au téléphone, tout se passe à merveille pour les garçons. Sonia se dit que ce qu'il y a de merveilleux avec des jumeaux, c'est qu'ils ne sont jamais seuls.
Il n'y a pas de règle avec le burn-out – enfin, on peut avoir ses règles ET un burn-out, mais ça n'est pas le sujet.
Certains s'épanouiront parfaitement à la maison avec les enfants, tandis que d'autres craqueront justement parce qu'ils doivent gérer leurs intenses journées de boulot en plus de leurs journées parentales. Comme pour tout, le mieux est de s'écouter, de bien se connaître pour redresser la barre avant de partir en vrille. Savoir demander de l'aide. Et ne pas vouloir s'en tenir AB-SO-LU-MENT à ce qui était prévu. Le prévisible, c'est pour les nullipares.





Ça se voit un peu non, que Jérôme et Carine sont au bout du rouleau ? En fait, ils sont surtout morts de fatigue, plus que moralement usés, parce qu'à 6 mois Arthur dort rarement plus de 4 heures d'affilée. Mais tout le monde le sait, s'il y a un bien un truc qui rend dingue, c'est le manque de sommeil. Pour survivre ils ont déjà tenté pas mal de techniques – Jérôme et Carine sont vraiment le couple moderne par excellence, paritaire et démocratique: Que l'un se lève toute la nuit pendant que l'autre dort, puis d'inverser les rôles la nuit suivante, chacun son tour, tous les deux ensemble... Il n'y a pas encore de miracle, et ils travaillent tous les deux à temps plein donc...
Ils ont quand même trouvé le petit truc en plus qui les a sauvés du burn-out complet: Ils se soutiennent mutuellement. Concrètement, je veux dire. A première vue là on pourrait croire que Jérôme chante une berceuse à Arthur. Que nenni. Il joue une sérénade à sa dulcinée. Ou plutôt, il lui chante sa chanson préférée, la classique et cultissime « Let it be ». Et elle s'accroche à ça, quand Arthur pleure, elle ferme les yeux et se concentre sur la chaude voix de son homme et les accords pas toujours très justes de sa guitare. Ça l'aide à ne pas avoir envie de hurler à son tour, quand elle n'en peut plus et que ses tripes s'emmêlent. Celui qui s'occupe de l'enfant a toujours quelqu'un qui s'occupe de lui. Quand c'est Jérôme qui tente d'endormir Arthur, Carine lui caresse souvent les cheveux, ou lui prépare une tartine de pâté. Le pâté, à 3h du mat, ça console de tout. Et puis ils se complimentent. Toujours. Ils se valorisent plutôt, toujours un petit mot positif, un encouragement. Non ça n'est pas le couple magique de l'année, ce deux êtres qui s'aiment et... Qui ont perdu un bébé à 7 mois de grossesse, il y a deux ans. Alors la thérapie de couple qu'ils ont entamée pour aller mieux à ce moment-là, ils en ont gardé plein de clés pour réussir, pour tenir. Et malgré leurs tronches pas très fraîches et leur déficit de sommeil astronomique, jusqu'ici ils s'en sortent.

On retrouve beaucoup de sentiment de dévalorisation dans le burn-out. Celui ou celle qui s'occupe du bébé à la sensation d'être invisible, inutile. Il se vide progressivement de ses forces en « donnant tout » au bébé et ne se ressource pas, ne se remplit pas de l'attention et de l'amour de l'autre qui est lui aussi – pas au même degré, mais tout de même – focalisé sur le bébé.
L'attention perpétuelle qui est portée à celui qui s'occupe d'Arthur, dans le cas de Jérôme et Carine, les empêche d'éprouver ce vide, car ils sont tour à tour dans la peau de « celui qui prend soin de » et dans la peau de « celui dont on prend soin ».
Une bien belle piste à explorer...


Voici à nouveau Sylvie: Nous faisons un petit bond en avant dans le futur. Sylvie n'a pas déménagé mais elle réserve désormais la moutarde à ses plats plutôt qu'à ses t-shirts, et elle s'est teint les cheveux en blond, parce qu'elle a eu besoin de changer de tête, de look, d'air... Sylvie a eu besoin de changement après ce premier bébé et un burn-out sévère dont elle n'a réalisé la gravité qu'au bout d'un an, quand elle a commencé à sortir, à se retrouver, à se souvenir qu'elle était femme avant d'être mère, et que l'un ne va pas sans l'autre. Sylvie est toujours une vraie geek, accro à son téléphone et aux réseaux sociaux. Et puis la maternité, elle a remis ça. Suzy a 4 mois et dort paisiblement avec son papa et son grand frère, Léo. Cette fois Sylvie s'est juré de ne pas reproduire les mêmes erreurs, de laisser une place plus grande à son homme, qui lui même a grandit, s'est affirmé en tant que père, et a compris, avec le recul, comment soutenir au mieux sa famille, sa femme, la mère de ses enfants.
Ce soir Sylvie twitte comme une dingue, une de ses grandes potes, jeune maman, est en train de sombrer en plein burn-out, elle ne se connecte que pour parler de couches et de vaccins et oublie de répondre quand on lui demande si elle va bien, elle ne prend le temps de rien. Et ça, Sylvie, ça lui rappelle des souvenirs douloureux. Alors elle va passer la soirée chez elle ce soir, et elle espère bien la traîner dehors pour rompre l'isolement et la routine dans lesquels elle s'est enfermée.

C'est aussi parce que les couples parentaux sont si isolés que le phénomène de burn-out parental s'installe et perdure. C'est aussi la responsabilité de leur entourage de ne pas se contenter d'un « Tu verras, après, plus rien ne sera comme avant », avec le petit sourire narquois du gladiateur triomphant dans l'arène. Il y a toujours des façons subtiles d'accompagner ceux qu'on voit prendre la route dangereuse qu'on a empruntée avant, s'il s'agit d'amis proches ou de membres de la famille avec qui on s'entend bien.


On n'a pas encore inventé de vaccin contre le burn-out parental, ni de navettes pour partir en vacances dans le passé, se reposer une semaine en amoureux du temps où on n'était pas encore parents. En attendant, un peu de bon sens, une once de soutien, une dose de bienveillance, et peut-être une préparation à la vie à trois pendant la grossesse – parce que des mois de préparation à l'accouchement qui dure quelques heures et rien pour anticiper les longs mois de réglages qui suivent, c'est un peu disproportionné – devraient suffire à épargner pas mal de naufrages, burn-out et autres séparations déchirantes...






Burn-out : l’enfer, c’est les autres


Par Marlène Schiappa (Maman Travaille)
Illustrations AstridM
Vous êtes lessivée, lassée, épuisée. Vous avez fini par aller consulter un médecin et la sentence est tombée : vous êtes en plein burn-out maternel. Et vous allez essayer de le faire comprendre à votre entourage… Florilège de réactions :


Votre collègue: « Un Burnt-out ? Mais tu plaisantes ou quoi, tu es en congé maternité, comment peux-tu faire un burn out ? Viens préparer le dossier Brother & Brother avec moi, tu vas voir ce que c’est qu’un burn-out… »

Votre patron : « Un burn-out, ça veut dire qu’on va aux prud’hommes ? Non ? Ah, bon je m’en fous alors… »

Votre client : « Un burn-out ? Vous me remboursez, donc ? »

Votre mère : « Un burnt-out ? A mon époque, on avait 6 enfants et on passait nos soirées au MLF, et on ne faisait pas de burn-out ! Bon je te laisse, j’ai un truc à faire.»

Votre copine stérile : « Un burn-out ? C’est ça, plains-toi… Moi aussi j’aimerais faire un burn-out maternel… si seulement j’avais des enfants. »

Votre conjoint : « Un burn-out ? T’en fais pas plus que moi, je suis désolé… Au fait je sors demain soir, t’as pas oublié ? »

Votre père : « Un burn-out ? Allez, repose-toi cette nuit et demain, ça repart. »

Votre belle-mère : « Un burn-out ? Mon chéri, je t’ai toujours dit que ta femme était bizarre… »

Votre copine mère : « Un burn-out ? Jamais entendu parler, ça existe ça ? C’est genre du maternage ? »

Votre pédiatre : « Un burn-out ? Allons, allons… rien de grave, allez, votre bébé a besoin de vous, bougez-vous un peu. »

Votre grand-mère : « Un burn out ? Ca va passer. Moi j’ai une cystite. »

Votre prof de sport « Un burn-out ? C’est parce que tu ne fais pas assez de sport. »

Votre psy : « Un burn-out ? C’est parce que vous ne venez pas assez à vos séances. »

Votre sage-femme qui fait la rééducation du périnée : « Un burn-out ? C’est parce que vous ne rééduquez pas assez votre périnée. »

Votre copine en plein divorce : « Un burn-out ? pff, c’est bien le genre de la nouvelle nana de mon ex-mari… »

Une fille, sur un forum : « Un burn-out ? Moi j’ai jamais fait ça, faut pas trop s’écouter hein lol »

Une collègue de votre mari : « Un burn-out ? Eh, ben… t’es pas rendu avec elle mon pauvre. »





Jeveux1bébé : Le burn out, c'est pour les faibles !



Mamans Testent : Burn out Opéra Rock

Burn Out Opéra Rock (morceaux choisis)
Je le sais cher lecteur, tu es fervent amateur de bonnes comédies musicales. Depuis les Dix Commandements, il te paraîtrait incongru de faire tes vitres sans siffloter « ce sr’a nouuuuuuus dès demaiiiiiiin », et tu ne peux t’empêcher de prendre ta voix de baryton pour entonner « Beeeeelle, c’est un mot qu’on dirait inventé pour Elle ». Bref, la comédie musicale met en exergue ton talent de mélomane et te permet de faire profiter toute ta famille de tes prouesses vocales. Sans oublier des aptitudes à la comédie quand tu fais semblant d’agresser le nain avec un manche à balai en lui chantant « Tybalt, Tybalt, tu vas mourir… » (lequel nain, ignare, fuit en hurlant).
Si tu fais partie de ces affamés de musique daubique, de ces amoureux de spectacle humain foudroyant, si tu avais adoré le jeu de mot de : « Et vice et Versailles » et bien, laisse-moi te dire que ce qui va suivre va te rendre heureux. Oh que oui.
Lorsque « Neuf Blogueurs » (une entité de blogueurs surentraînés et complètement maboules) m’a demandé de travailler sur le thème du Burn Out, mon sang n’a fait qu’un tour. Quel thème tragique ! Quelle idée cruelle !
Le Burn Out moment de craquage parental (bien souvent maternel) absolu…un sujet en or pour moi et le début de longues heures de réflexion sur le comment du pourquoi. J’ai décidé d’écrire sur ce thème à la manière d’une pièce de théâtre dans laquelle on verrait évoluer quelques personnages récurrents et propices au burn out. J’ai nommé :
-        -   Primi, toute jeune maman de Priminaine
-          - Chouchou, tout jeune papa du même Priminaine
-          - Multi, maman de trois nains (trop) rapprochés
-          - Le Mâle, papa des trois mêmes nains toujours (trop) rapprochés

Afin de rendre vivante et poignante cette petite mise en scène, j’ai décidé de m’offrir, une fois n’est pas coutume, les services d’un parolier de talent. Il est cher, très cher. Il est demandé et répond toujours par la négative aux diverses propositions tant il est overbooké. Il parle très peu de lui et reste un personnage très mystérieux. Il sait manier les mots et les mélodies à la perfection et porte en lui des chorégraphies inimaginables qui prennent toute leur ampleur sur les scènes du monde entier. Je savais qu’il serait difficile de le faire travailler avec moi, je ne suis qu’une pauvre petite bloggeuse (même pas mode) et lui, LUI, parcourt le monde pour offrir à quelques oreilles bienheureuses son talent inouï.

Néanmoins, après avoir usé de mes charmes (pleuré, trépigné, menacé), il a accepté de mettre en musique ma petite composition théâtrale afin de vous offrir quelques instants musicaux dignes de ce nom, et respectueux des scènes touchantes et émouvantes que vous allez pouvoir lire.
Je vous laisse donc découvrir quelques morceaux choisis de la nouvelle comédie musicale en vogue à Paris. Jouée dans les plus grandes salles de pestacle, dédiée à tous les parents (qui devront attendre sa sortie en dvd bien entendu), voici Burn Out Opéra Rock.

Aux textes : Marie de Mamanstestent
Aux (mirifiques) chansons : Till the Cat (oui, tu peux relire, c’est bien lui).
Lever de rideau....
Acte I Scène 1 
L’histoire commence de nuit. Une chambre d’enfant. Une veilleuse Barbapapa. Un fauteuil à bascule. Vautrée dedans, Primi. La tête en arrière qui dodeline d’un côté, puis de l’autre. Elle porte une vile robe de chambre et des mauvais chaussons à tête de Bart Simpson. Dans ses bras, une Priminaine qui tète goulument au sein. Dans l’entrebâillement de la porte, on voit apparaître une tête d’homme, mal réveillé, les yeux mi-clos, la barbe naissante et la chevelure en pétard.
-        -- Primi ?
-          - Gné ?? Hein ? C’est qui ? Je suis où ?
-          - Heu, c’est moi, c’est Chouchou. Ça va ?
-          - Bin, heu, non, je suis nase et puis ça fait trois fois qu’elle réclame. Il est quelle heure-là ?
-          - Quatre heures et quelques.
-          - Putaiiiin…tu fais quoi toi ? Tu prends le relai ? Elle va avoir terminé.
-          - Heu, non, j’allais pisser en fait. Je bosse demain moi.
-          - Ah, je me disais aussi. DORS BIEN ALORS !
Primi ferme à nouveau les yeux. Et bave légèrement. Pendant ce temps-là, Priminaine tète.
On retrouve notre couple quelques heures plus tard, à la table du petit-déjeuner. Chouchou dévore d’énormes tartines de Nutella. Primi, tête dans le luc, tente de boire son café pendant que Priminaine, très en forme, essaie d’attraper la tasse brûlante avec ses petites mains boudinées.
-          - Tu me la prends s’il te plaît ? Histoire que j’avale un truc ?
-          - Attends, je n’ai pas fini de déjeuner.
-          - Heu ? Moi je n’ai pas commencé
-          - Oui, mais je vais au boulot, je suis déjà à la bourre. Bon, voilà, je te la prends deux minutes.
-          - Merci de ME la prendre chéri. C’est trop gentil. Je l’ai bien vue cette nuit MOI.
-          - Oui, bon, ok, merci.
Primi grignote une tartine de Nutella en culpabilisant, ce n’est pas comme ça qu’elle va perdre ses kilos de grossesse. Elle boit une gorgée de café puis se retrouve de nouveau avec Priminaine sur les genoux.
-          - Je te la laisse hein ? Je vais terminer de me préparer.
-        -   Vas-y, on va boire notre café avec la naine et on va se coller des miettes de pain dans les plis du cou.
Lorsque Chouchou descend, Primi n’a pas bougé, elle fixe d’un air absent le pot de Nutella tandis que Priminaine se refait une petite tétée.
-          - T’as prévu de faire quoi aujourd’hui ma chérie ?
-          - Heu…. Je ne sais pas vraiment en fait. Je t’avoue que je suis un peu fatiguée, ça fait presque une semaine qu’elle se réveille trois/quatre fois par nuit. Je suis un peu au radar.
-          - Bin, recouche la ce matin et profites-en pour te faire une petite sieste non ?
-        -  Hein ?
-          - Elle dort bien le matin encore, profites –en, fais cool !
-          - Bien sûr chéri. Je vais faire cool. Bonne journée !
Et la porte d’entrée se referme. Primi contemple sa nouvelle meilleure amie : la table du petit-déjeuner. Quinze minutes pour tout ranger et faire la vaisselle (plus celle de la veille au soir).
Ensuite, elle essaiera de poser un peu Priminaine dans son transat histoire d’aérer les chambres et de lancer une lessive (elle n’a plus de culotte propre et les bodys de Priminaine sont douteux). Avec un peu de chance, Priminaine fera une sieste et elle pourra s’allonger. Il ne faudra pas qu’elle oublie d’aller à la poste chercher le colis (ça va bientôt faire dix jours, ils vont le renvoyer). Et puis il faudra aussi qu’elle pense à envoyer une petite carte à tous ceux qui ont offerts des cadals à Priminaine pour sa naissance. Ça va quand même faire presque 7 mois qu’il est né. Primi songe à faire des listes afin de ne rien oublier. Chouchou l’a déjà engueulée parce qu’elle n’avait pas pensé à prendre rendez-vous pour la visite obligatoire des 6 mois. Elle essaie de penser à tout, mais elle ne pense qu’à une seule chose : DORMIR.
Primi, seule sur scène :
J’ai la tête qui éclate
J’voudrais seulement dormir
Me trouver une ASSMAT
Et me laisser mourir
Stone, j’voudrais être stone
Retrouver le sommeil
Et mieux dormir la nuit
J’sais plus si j’veux être mère
Je fais tout à l’envers
Je sais bien qu’ça vient d’moi
C’est pas du cinéma
C’est pire qu’au cinéma
Acte II, scène 4
La scène se déroule dans un grand magasin de surgelés, sauveur de vie conjugale. Il propose à ses clients des plats tout préparés, des légumes et des petits entremets. Pour quelques euros, il vous dispense de cuisiner et ne vous oblige qu’à une seule chose : posséder un micro-onde. Primi attend devant, l’air fatigué (encore). Priminaine comate dans sa poussette et Primi pianote sur son téléphone.
Soudain, une autre maman arrive. Elle a l’air fatiguée également, et un peu plus rondelette que son amie. Autour d’elle, un nain est porté en écharpe et déguste un boudoir dont il répand tranquillement les miettes sur le pull de sa mère.
-       -   Coucou Primi !
-        -  Oh ! Multi, je ne t’avais pas vu arriver, j’étais en train de demander à Chouchou s’il préférait manger des pâtes à la truffe blanche ou bien de la brandade de morue.
-         -  Je pense que niveau morue, il est servi non ? Ahahahaha…
-          - Hein ?
Le regard de Primi se fige, elle a les lèvres qui tremblent et semble à deux doigts de fondre en larmes.
-          - Je BLAGUE Primi, je blague…
-          - Ah bon. Ce n’était pas très drôle et je suis un peu à cran en ce moment.
-          - Oui je vois ça. Tu es fatiguée toi aussi ?
-          - Ouais. Je suis au-delà de la fatigue je crois. Je ne m’en sors pas. J’ai l’impression de ne faire que combler les journées en attendant de pouvoir me recoucher.
-          - Allez, ma belle, tu vas voir, ça va aller. Je suis passée par là moi aussi, j’ai eu du mal et puis regarde, j’en ai trois. Comme quoi ce n’est pas insurmontable.
-          - Oui, mais moi je n’y arrive pas.
-          - Mais si tu y arrives, allez, allons chercher ces petits plats.
Dans les allées du magasin, Primi tente d’expliquer à Multi à quel point c’est difficile pour elle en ce moment mais elle se sent plutôt minable de raconter ses difficultés alors que son amie doit en gérer trois. ELLE.
Multi écoute, prend son kilo de haricots verts (bonne conscience), ses frites à réchauffer au micro-ondes (nains) et ses magnums double-choc (Mâle et elle-même – adieu bonne conscience).
Primi prend des plats « prêts en une minute » et Priminaine commence à ronchonner. Evidemment, elle a froid et râle comme un vieux putois en essayant de se glisser de manière furtive sous le harnais 5 points. Primi la repositionne, lui file un joujou et continue à disposer des éléments nutritifs dans son panier, presque au hasard.
Arrivées à la caisse, Primi et Multi en sont arrivées à la conclusion qu’il fallait que Primi prenne un peu de temps pour elle. Pas longtemps, mais un peu. Une sieste, un bain, une virée shopping seule. Primi sait que tout cela lui ferait du bien. Mais elle n’arrive pas à laisser Priminaine. Et parfois, n’a même pas le courage de se faire couler un bain.
-         - ça fera trente-huit euros trente-cinq s’il vous plaît madame.
-          - Oui, d’accord
-          - Vous n’avez pas de glacière ?
-          - Oooooh noooooon !!!
Primi fond en larmes.
-          - Que se passe-t-il Primi ?
-          - J’ai oublié ma glacière à la maisoooooon… !!
-          - Non mais c’est pas grave ça quand même
-          - Mais siiiii, j’oublie tout. La glacière c’est la goutte de trop tu vois. J’oublie mes rendez –vous chez la sage-femme pour ma rééducation, j’oublie d’étendre mon linge alors le soir il est tout moisi-puant dans la machine, j’oublie de tout faire alors que je n’ai rien n’à faire et puis du coup je me sens nulle et puis moche aussi et voilà j’ai encore acheté des fajitas alors que c’est super calorique et de toute façon elles vont être décongelées et puis je vais jamais m’en sortir et je suis trop nulle comme mère.
-          - Ok, Primi. Donne ta carte au monsieur, prends ma glacière. On rentre chez toi, tu te couches un peu et je te surveille Priminaine ok ? Je ne veux pas te voir en profiter pour faire du ménage ou quoi que ce soit d’autre. Tu dors.
Ce que Multi ne lui dira pas, c’est que la semaine dernière, elle a craqué aussi. La scène s’éclaire et au fond, on aperçoit la journée de Multi en flash-back. Parce que le petit dernier fait ses dents et qu’elle a dû se réveiller quatre ou cinq fois pour lui + quelques autres fois pour ses frangins. Qu’elle s’est levée, épuisée et a géré le départ à l’école des grands et le petit épuisé qui pleurait tout ce qu’il pouvait. Puis, elle est rentrée et a couché le petit. Le temps de faire quelques machines, de ranger sa meilleure amie (la table du petit déjeuner) et de faire les courses sur internet.  Puis elle a préparé le repas de midi, est allée chercher les nains à l’école, les a fait manger tous les trois (elle n’a pas eu le temps de manger elle-même) puis a reconduit les grands à l’école. Il lui fallait ensuite aller chercher les courses, les ranger pendant que le petit roupillait. Puis prendre rendez-vous chez le pédiatre pour le grand qui toussait. Et ne pas oublier de passer les coups de fils obligatoires aux assurances scolaires. Puis, elle s’est faite engueuler par son garagiste parce qu’elle avait oublié la contre-visite du contrôle technique de sa voiture. Enfin, pour couronner la journée, le petit a dégueulé dans la corbeille de linge propre. Le Mâle, en rentrant, a proposé de baigner les enfants. Elle a accepté et est allée s’allonger un quart d’heure. Et puis elle s’est souvenue qu’il fallait faire à manger pour le soir. Et repasser du linge pour le lendemain.
Alors oui, à ce moment-là, Multi a craqué. Elle a pleuré. A dit au Mâle qu’elle ne s’en sortait pas. Qu’elle était nulle, fatiguée, grosse et inutile. Qu’elle n’arrivait pas à gérer.
Mais ça, Multi ne l’a pas dit à Primi. Le Burn-out, finalement, on n’en parle pas…
Primi et Multi, en alternance  puis en chœur :
A toutes les filles qui m’connaissaient avant
Qui sont comme moi des mères maintenant
A leur volcan de larmes
A leurs pulsions de drames
Leurs envies d’en finir vraiment
A toutes ces mères qui craquent un peu tout l’temps
Chez Picard, au jardin d’enfants
Au moral déchiré
A leur bonheur volé
Cette lourde sensation d’épuisement
Elles avaient, elles avaient
Des grosses poches au dessous des yeux
Elles dansaient, elles dansaient
En souvenir  des jours heureux
Elles disaient, elles disaient
Que la vie c’étaient vraiment mieux à deux
Elles cachaient dans un sourire moqueur
Quelque chose de secret
Elles gravaient sur la pierre
Une épitaphe de regrets
Elles pleuraient comme on pleure
La mort d’un être aimé
Acte IV Scène 6
La scène se déroule chez Primi et Chouchou. Il est tard. Très tard même vu la tronche de Chouchou qui comate en  mauvais jogging sur le canapé du salon. Il a Priminaine à ses côtés calé dans les coussins, entrain de grignoter un vieux cube et il tente d’amadouer sa fille en lui proposant des activités nocturnes plus adaptées à son jeune âge :
-          - La naine ?
-          - Ga ?
-          - Tu ne veux pas dormir là ?
-          - Ga ?
-          - Non parce qu’il est 23h quand même. Alors je sais bien que tu as fait une super sieste de 18h à 22h et que je n’aurais pas dû me prendre les pieds dans l’aspirateur (qui vit au milieu du couloir en ce moment) en montant me coucher. Mais quand même…t’aurais pu te rendormir non ?
-          - Reeeeeuuuu.
-          - Moué. Bon, et bin écoute, t’as qu’à jouer dix minutes le temps de digérer ton biberon et puis après on monte se coucher tous les deux. Non parce que là Maman dort et moi, j’aimerai bien la rejoindre.
-          - Reuuuuu.
Chouchou lève les yeux au ciel et s’empare du Famili posé à côté du biberon vide sur la table basse. Il le feuillette. Encore et encore. Puis, s’arrête et prend Priminaine à partie :
-        -   Et ? T’as lu ça la naine ?
-          - Ga ?
-          - Ah bin non. Mais laisse-moi te lire ces quelques phrases mon ptit cœur. Parce que là, tu vois, c’est un test qu’a fait maman hier (enfin probablement la nuit dernière vu l’écriture tremblotante) et qui parle de toi. Ça s’intitule : « Jeune Maman : êtes-vous en plein Burn Out Maternel ? ». Va falloir qu’on s’occupe un peu plus de ta mère tous les deux, parce que là, je crois que le Burn Out, elle est en plein dedans tu vois…
-         -  …..Gé ? Ga ?
-          - Oui, mais attends, t’emballe pas Priminaine, tu vas piger, je vais te lire quelques trucs au hasard :
Chouchou se tourne vers le public et lit à haute voix :
Question 1 : Vous vous sentez 
a.     a. Epanouie et comblée de bonheur par ce petit être qui dort tranquillou dans son berceau pendant que vous passez une soirée romantique avec votre cher et tendre.
b.      b. Epuisée et complètement angoissée à l’idée d’aller fermer un œil alors que vous savez que vous risquez d’être réveillée par un cri de nain d’ici quelques minutes.
Ø  Et bin ta mère a mis la b la naine. Alors arrête de te réveiller la nuit en pleurant d’accord ? Chantonne au moins, ça sera moins stressant.
Question 4 (je prends au hasard hein) : Pour endormir votre enfant vous….
a.       a. Le bercez pendant de longues minutes et puis vous le reposez doucement et précautionneusement dans son berceau en espérant pouvoir éviter la peluche qui couine en reculant pour sortir de la chambre.
b.      b. Lui chantez une berceuse, vous l’embrassez et vous quittez la chambre en laissant une veilleuse en forme de cœur illuminer sa chambre.
Ø  Je te le donne en mille Priminaine. La réponse a. Il va falloir apprendre à t’endormir seule mon cœur. Pas comme là tu vois. Là, tu es dans le refus d’obtempérer ma ptite poulette, ça ne va pas du tout.
Question 8 : Vous rêvez de …
a.       a. Cocotiers, palmier, sable chaud, votre homme sur une serviette à côté de vous, et des paroles amoureuses échangées pendant que votre petit dort quelques jours chez ses grands-parents.
b.      b. Sommeil, douche, épilation, amies, café, tour de taille décent, semaine sans pédiatre, journée sans lessive, ventre sans vergetures.
Ø  Je n’ose même pas te dire de quoi rêve ta mère la naine…
Et enfin (parce que là, c’est le moment d’aller au lit ma ptite boulette) :
Question 12 : Vous pleurez lorsque vous :
a.       a. Vous regardez dans le miroir, ou bien lorsque vous changez une couche moisie-pourrie pour la quatrième fois de la journée. Ou bien encore lorsque votre amoureux vous demande si ça va. En fait, vous pleurez souvent.
b.      b. Regardez votre enfant dormir…
Ø  Bin là elle a coché les deux la naine. Elle n’est pas rancunière ta maman hein ?
Chouchou repart avec sa Priminaine dans les bras. Il la couche et éteint la lumière. Puis il passe au fond de la scène et on voit en ombre chinoise un Chouchou qui s’allonge auprès de Primi. Il se met tout contre elle et la serre fort. En lui chuchotant que ça va aller. Primi et Chouchou, Primi chante et Chouchou la tient dans ses bras :
Moi je ne suis rien
Et voilà qu’aujourd’hui
Je suis son gardien
De jour comme de nuit
Je l’aime, j’vais mourir
Tu pourras me dire
Tout ce qui te plaira
Moi  je n’ai rien à dire
Ma vie n’intéresse pas
J’voudrais re-maigrir
J’voudrais m’épanouir
J’ai sorti la poussette
J’ai fait l’tour du quartier
Chanté les marionnettes
Fait des cocottes en papier
Arrête de rire !
Je voudrais faire le pont
De janvier à Noël
Me casser, prendre l’avion
A chaque fois qu’elle
Ne veut pas dormir
Ne veut pas dormir
Je l’aime, j’veux mourir
Elle doit tenir ça de ta mère
Pour être si chiante aujourd’hui
Même surement un peu de ton père
De Mamie, et de toi aussi.